Au panthéon des personnes les plus inventives, on trouve : les artistes, les savants fous et les avocats en droit de la famille.
Mes amis les Fontaine avaient comme folle ambition de réussir leur séparation malgré leurs différends : Brigitte n’ayant d’yeux que pour leur petit Barnabé, Jean, relégué au second plan, passait très peu de temps au foyer conjugal.
Barnabé, tiraillé entre les regrets de l’un et les remords de l’autre (ou bien était-ce l’inverse ?), en avait même perdu l’appétit. Autant dire que la situation était au paroxysme de l’insupportable !
Que serait devenu le petit Barnabé, victime de ce déchirement familial, sans l’intervention de maître Capello, spécialiste des causes perdues ? C’est lui qui suggéra que les deux époux s’installent à une distance raisonnable l’un de l’autre, lui qui proposa que Barnabé vive chez Jean trois jours par semaine et chez Brigitte le reste du temps, encore lui qui imposa aux deux anciens amants fougueux un partage équitable des temps de vacances.
Jean promis de donner un bain à Barnabé régulièrement bien que le petit détestât l’eau, et Brigitte accepta de le laisser aller à l’Atelier « Roue libre » le mercredi.
Maître Capello rédigea cette clause dans la convention de divorce sous l’appellation « clause hamsteresque ». Avouez qu’ils sont ingénieux, ces avocats !
De mon côté, je fus contente pour mes amis, mais j’avoue n’avoir jamais compris cette passion pour les hamsters, ces bestioles stupides et malodorantes. Moi j’ai toujours eu des poissons rouges. Au moins avec eux, les débats sont animés et on ne s’ennuie jamais.