Conflit de loyauté

15 novembre 2016

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Au cœur du divorce : l’enfant

Alors qu’un divorce consacre la fin d’un mariage, il est également souvent vécu comme l’explosion d’une famille dont les victimes malheureuses sont les enfants. Animé du désir de plaire à ses deux parents qui sont en opposition frontale, l’enfant subit alors un conflit intra-psychique appelé le conflit de loyauté. Les psychologues expliquent que de réelles séquelles traumatiques peuvent en résulter.

Pour Mireille Labats, psychologue clinicienne et expert près de la Cour administrative d’appel de Douai, « la plupart du temps, ce n’est pas la séparation parentale qui pose problème mais le contexte et la nocivité des échanges ». Ainsi, le fait que papa et maman ne dorment plus dans le même lit ne serait pas un drame pour les enfants. C’est bien leur exposition au conflit qui oppose les parents qui est pointée du doigt et que les psychologues apparentent désormais à de la maltraitance psychologique.
Mireille Labats met en garde et précise que tous les divorces n’ont pas de telles conséquences graves. Mais le divorce peut être vécu avec douleur et violence par les parents qui ont alors des difficultés à faire face et à préserver leurs devoirs parentaux. Car pour la psychologue, les parents doivent trouver un modus operandi pour séparer proprement la fonction de parent qui est la leur du couple qu’ils formaient : en d’autres termes, « papa » et « homme-époux » sont deux fonctions distinctes comme « maman » et « femme-épouse ».

Mais cette dissociation n’est pas toujours évidente à faire et le parent se sert de sa fonction parentale pour exprimer à l’enfant ses problèmes de couple et ses rancœurs. Ne cherchant pas à blesser son enfant, le parent lui fait cependant un mal qui peut être profond et avoir des répercussions graves sur son équilibre à long terme.

L’impossibilité de choisir

Interdiction de parler d’un parent quand on est chez l’autre ; interdiction de parler de « l’autre femme » ou de « l’autre homme » ; ce que l’on fait chez l’autre est un sujet tabou chez l’un ; interdiction de porter tel vêtement offert par l’un lorsque l’on est chez l’autre, etc. Les parents déplacent leur conflit comme les Etats-Unis et l’URSS ont fait la guerre froide : leur opposition se jouait sur d’autres territoires. L’enfant, qui devient une arme que chacun utilise contre l’autre (messager, chantage à la « garde », etc.), ne peut choisir entre ses parents sans avoir le sentiment d’en trahir un. La maltraitance psychologique peut ne durer qu’un temps court (le temps de la guerre chaude), mais elle peut malheureusement se prolonger, devenir le type relationnel quotidien. Les psychologues parlent de manipulation, d’aliénation et d’endoctrinement pour définir les différents phénomènes entrainant des traumatismes avérés.

Pour éviter ces dommages, évidemment, on ne peut qu’encourager les couples qui se séparent à le faire de manière non conflictuelle. Mais, comme cela n’est pas toujours possible, il est important de rester à l’écoute de l’enfant qui exprimera sa souffrance de manière détournée : stress, tristesse, cauchemars chez les enfants de 5-6 ans, plaintes somatiques chez les plus petits, comportements dérangeants chez les plus grands,… Lorsque le conflit perdure, les répercussions peuvent aller jusqu’à une rébellion forte à l’adolescence, des troubles types boulimie/anorexie, des problèmes de scolarité, etc.

Un divorce engage malheureusement souvent plus que deux personnes. L’intérêt de l’enfant reste la priorité pour le système judiciaire, mais il est important qu’il le soit aussi pour les parents. Des professionnels peuvent les accompagner, eux et leurs enfants, pour passer cette épreuve en en minimisant les séquelles. Les époux peuvent aussi décider de passer par un mode alternatif de règlement des litiges comme le processus collaboratif pour réussir leur séparation et surtout pour conserver une relation de parents correcte postérieurement à leur divorce, dans l’intérêt de leurs enfants.

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